Interview de Julie Magat, ingénieure de recherche en IRM (ndlr. Imagerie par Résonance Magnétique) à l’institut Liryc.

Rattachée à l’équipe Imagerie, elle assure la gestion opérationnelle de la plateforme d’imagerie avec l’aide de deux autres ingénieurs, met au point des protocoles d’acquisition IRM optimisés ainsi que leur réalisation pour les projets de recherche des équipes de Liryc et les partenaires extérieurs et elle participe au développement autonome de nouvelles techniques d’Imagerie par Résonance Magnétique.

Quel a été votre parcours pour devenir ingénieure de recherche à Liryc ?


J’ai obtenu un master puis un doctorat en physiques à l’École nationale des ponts et chaussée à Paris. J’ai ensuite choisi de réaliser mon post-doctorat en Belgique, où je suis restée 4 ans en tant qu’ingénieure de recherche dans le domaine de la cancérologie.

J’ai finalement rejoint les équipes de Liryc en 2013, affinant mon expertise en IRM cardiaque auprès du Dr Bruno Quesson, et aux côtés notamment des professeurs Pierre Jaïs et Hubert Cochet.

Quelle est la journée type d’une ingénieure de recherche cardiaque ?


Aucune journée ne se ressemble !

La particularité du métier d’ingénieur de recherche est d’avoir deux volets : la gestion et la coordination de la plateforme, et les travaux de recherche. Ainsi, 40% de mon temps de travail est dédié à la poursuite de mes projets de recherche et 60% à la gestion scientifique et logistique de la plateforme.

Sur le volet recherche, mon travail consiste en à tester de nouveau protocole d’acquisition IRM, à la rédaction d’articles, et la soumission de demandes de financement. J’encadre également le travail d’un doctorant K.Haliot en dernière année de thèse avec B. Quesson

Sur le volet de la gestion de la plateforme, je me charge de la mise en place des projets internes et externes utilisant la plateforme imagerie (gestion logistique, administratives), et de la mise en place de protocoles scientifiques pour les projets des chercheurs, en contact avec un réseau d’experts nationaux et internationaux. Je travaille en étroite collaboration avec D. El Hamrani et J. Naulin sur le plateau imagerie.

Les ingénieurs de recherche peuvent soit se spécialiser sur le développement d’un instrument, soit sur le développement d’expérimentation, comme c’est mon cas. J’accompagne donc la mise en œuvre des activités de recherche, maîtrisant les protocoles d’acquisition des images IRM. Je suis en mesure d’évaluer la faisabilité des projets et j’étudie les modalités de leur mise en œuvre.

Sur quel projet de recherche travaillez-vous à Liryc ?


Mon projet de recherche consiste en l’étude des anomalies structurelles du cœur à l’origine de désordres électriques. Autrement dit, j’analyse la structure cardiaque par imagerie IRM haute résolution en lien avec les dysfonctionnements du circuit électrique du coeur, et détecter les zones sources de ces désordres électriques. Je travaille essentiellement sur l’IRM 9.4T, cet équipement unique permet de scanner un cœur entier à très haute résolution.

Quelles qualités/aptitudes faut-il avoir pour être ingénieur(e) de recherche ?


Les qualités nécessaires pour être ingénieur de recherche sont la flexibilité et l’adaptabilité, car c’est un métier où les plannings changent régulièrement.

L’ingénieur de recherche doit également être doté d’un bon contact humain car il échange avec beaucoup de monde : des chercheurs ou collaborateurs, aux industriels partenaires, aux techniciens de maintenance ou aux personnels d’entretien. Il est en contact avec chacun à un moment donné.

Quel est l’outil que vous utilisez le plus au quotidien ?


Les outils propres à la plateforme d’imagerie dont je me sers le plus, sont les serveurs de reconstruction et de traitement d’images pour l’IRM.

L’autre outil, c’est mon téléphone ! Ceci car la relation humaine représente une grande partie de mon travail.

Est-ce difficile d’être une femme dans l’univers scientifique aujourd’hui ?


Je n’ai jamais souffert d’être une femme dans la science. Je n’ai jamais senti de barrières pour l’avancement de ma carrière ou dans mon travail, parce que j’étais une femme.

Cependant, je remarque parfois que ma parole est moins prise au sérieux que celle d’un homme.

Pensez-vous qu’être une femme soit différenciant dans ton travail ?


Je ne pense pas qu’être une femme soit différenciant au quotidien, pour mon poste en tout cas ! Tout est plus une affaire de personnalité.

Je lisais cependant des dossiers publiés dans les revues scientifiques qui avançaient le contraire !

Comment voyez-vous la place des femmes dans la recherche dans 20 ans ?


Dans 20 ans, j’espère qu’il y aura plus de femmes dans le milieu de la recherche et donc plus de modèles féminins.

Le milieu de la recherche est majoritairement représenté par les hommes, particulièrement la physique de l’IRM. Peut-être que s’il y avait plus de femmes chercheuses et ingénieures, il y aurait plus de recherches et d’avancées dans certains domaines de recherche parfois laissés de côté.

Par exemple, les recherches en sécurité routière basée sur les crash tests (airbag et ceintures de sécurité) ont été pensées majoritairement par des hommes qui n’avaient pas pris en compte à l’époque la question de la femme enceinte. Peut-être que s’il y avait eu plus de femmes en R&D et en recherche académique certains aspects aurait pu être anticipés pour éviter ce qu’on appelle les ‘biais de genre’.

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