La fibrillation atriale (FA) est le trouble du rythme cardiaque persistant le plus fréquent. Elle touche des millions de personnes dans le monde et peut sérieusement affecter la qualité de vie.
Pour mieux comprendre et traiter cette maladie électrique du cœur, le projet MONDRIAN, porté par le docteur Guido Caluori, va tenter de relever un défi ambitieux : détecter des signes invisibles dans le métabolisme (ensemble des réactions chimiques qui se déroulent à l’intérieur de chaque cellule de l’être humain, lui permettant notamment de se maintenir en vie) des patients pour prédire les risques de récidive de la FA et adapter les traitements de manière personnalisée.
Une piste prometteuse : le métabolisme
Le cœur des personnes atteintes de fibrillation atriale bat de façon rapide et irrégulière mais les raisons exactes de ce dérèglement restent parfois floues. Cependant, une piste a été mise en lumière : des dysfonctionnements au niveau des mitochondries, les « centrales énergétiques » de nos cellules. Ces anomalies pourraient jouer un rôle clé dans le déclenchement de la fibrillation atriale ou de sa récidive.
Le projet MONDRIAN cherche à valider cette hypothèse : et si surveiller les changements dans le métabolisme permettait de mieux prédire l’évolution de la fibrillation atriale ?
Un dispositif miniaturisé pour analyser des biomarqueurs
Quand les mitochondries ne fonctionnent plus normalement, cela perturbe le métabolisme, c’est-à-dire toutes les réactions chimiques qui se passent dans notre corps. Résultat : certaines molécules produites habituellement en petite quantité peuvent devenir trop abondantes, ou au contraire, disparaître. Ces variations anormales laissent des « traces chimiques ». Ces traces, ce sont les biomarqueurs.
Le projet MONDRIAN vise justement à analyser ces biomarqueurs dans des échantillons biologiques de patients atteints de fibrillation atriale, grâce à une technique de pointe appelée « métabolomique ».
L’objectif ? Identifier les biomarqueurs liés à un risque de récidive après traitement.
Les biomarqueurs peuvent, plus globalement, révéler la présence d’une maladie, en prédire l’évolution ou encore évaluer l’efficacité d’un traitement.
Ces données seront ensuite intégrées dans un tout nouveau dispositif médical : un lab-on-chip (littéralement « laboratoire sur puce »), une minuscule plateforme capable de détecter les molécules d’intérêt.
L’intelligence artificielle en renfort
Mais ce n’est pas tout : MONDRIAN prévoit également de s’appuyer sur l’intelligence artificielle.
L’objectif est d’entraîner un algorithme à reconnaître les profils métaboliques des patients et à les croiser avec leurs données cliniques pour prédire leur risque de récidive 6 mois après le traitement.
Ce système combiné (puce + IA) sera testé sur une cohorte de 100 patients.
L’ambition ? Pouvoir un jour adapter les traitements en fonction du profil métabolique de chaque patient, afin d’éviter au maximum les récidives.
Vers une médecine plus personnalisée
MONDRIAN ouvre ainsi la voie à une médecine plus personnalisée, en utilisant les avancées technologiques pour mieux comprendre comment le corps réagit aux traitements. À terme, ce projet pourrait changer la manière dont on suit et traite les patients atteints de fibrillation atriale et pourquoi pas, inspirer d’autres innovations pour améliorer la compréhension et la prise en charge d’autres maladies cardiaques.